VOYAGE A AUSCHWITZ : travaux de restitution le 5 juin 2009 à l’Hotel de Région à Marseille
Texte écrit et lu par les élèves de 1°ECO
du lycée Val de Durance
du lycée Val de Durance
Les voyages que notre classe a eu la chance d’entreprendre cette année, ont marqué nos vies à tout jamais. Chacun de nous partait avec ses connaissances, ses doutes, ses peurs, ses certitudes, son flegme, son indifférence ou sa curiosité, pensant tout savoir de cette période abondamment traitée historiquement ou s’imaginant ne rien ressentir pendant les visites.
Le Mémorial de la Shoah, la maison des enfants d’Izieu, le centre de la résistance et de la déportation de Lyon, et surtout Auschwitz en Pologne : ces visites furent des expériences très difficiles, moralement et physiquement, traumatisantes, mais enrichissantes et finalement plus qu’importantes : nécessaires. Et au moment du bilan, nous avons envie de partager avec vous le texte écrit par une élève de la classe :
« J’ai été aveuglée par l’importance des lieux, les associant au passé. Tristesse et peine. Mais l’histoire est trop lointaine et mes émotions trop légères...
De retour, les images reviennent doucement, puis peu à peu, l’histoire qui s’affiche, s’impose. Soudain, sa brutalité m’envahit et je réalise enfin. Atrocité des faits, laideur et crime du passé. Au loin tout me semble là à présent, si réel, affreusement réel. J’ai vu trop de valises, trop de vêtements, trop de cheveux ayant appartenu à trop de personnes tuées ; pour rien. Mais comment a-t-on pu jouer avec l’espoir de ces gens, les trompant par la promesse d’un avenir meilleur. Comment a-t-on pu les déshabiller dans le froid qui transperce l’âme et dans la volonté de leur enlever jusqu’à leur humanité et le désir de vivre ? Comment a-t-on pu lâchement emmener ces gens vers la chambre à gaz tel un troupeau à l’abattoir ? Et puis, ramasser les cadavres. Surtout ne rien perdre de cette souffrance et récupérer avarement bijoux, os, graisse et chair. L’horreur est inexprimable ! Enorme incompréhension. J’ai pourtant essayé de trouver une explication. Seule, la folie me vient à l’esprit. Mais non. Je ne pense pas. Qualifier un génocide de folie serait trop facile. Je crois que les assassins étaient des gens comme nous, avec un cœur et une morale qu’on a su leur faire oublier.
Que devaient penser ces gens dans la chambre à gaz, pendant que leurs poumons refusaient d’expirer et qu’ils mouraient en une longue agonie ? Que devaient se dire ces personnes nues et dos à l’ennemi, attendant la balle qui mettrait fin à leur vie ? Meurtre, infamie, monstruosité ! J’ai presque envie de refuser d’y croire ou encore de pleurer jusqu’à ne plus m’arrêter. J’aimerais ne jamais oublier. »
Que devaient penser ces gens dans la chambre à gaz, pendant que leurs poumons refusaient d’expirer et qu’ils mouraient en une longue agonie ? Que devaient se dire ces personnes nues et dos à l’ennemi, attendant la balle qui mettrait fin à leur vie ? Meurtre, infamie, monstruosité ! J’ai presque envie de refuser d’y croire ou encore de pleurer jusqu’à ne plus m’arrêter. J’aimerais ne jamais oublier. »
Le voyage à Auschwitz est une expérience nécessaire, tout d’abord comme un devoir d’être humain.
Ensuite de manière à réaliser réellement l’ampleur de la tragédie de la Shoah. Nous avons pris conscience de notre chance aussi, la chance de ne pas avoir connu ce drame et de pouvoir entrer et sortir librement d’Auschwitz Birkenau alors que d’autres ne l’ont pas eue.
Lire les témoignages des survivants, étudier des archives et voir de nos propres yeux les installations de cette logique de mort, marcher sur les traces des victimes sont des choses très différentes, les secondes sont beaucoup plus intenses et marquantes.
Une expérience nécessaire enfin pour perpétuer la mémoire de ce douloureux passé pour que personne ne puisse oublier, ni oser nier l’histoire de la Shoah.
Aujourd’hui, alors que les derniers survivants s’éteignent peu à peu et que les signes matériels des camps sont menacés par le temps, l’usure et la ruine, nous serons fidèles à cet engagement. Nous continuerons d’honorer leur mémoire, la mémoire de tous ces enfants si jeunes, de toutes ces familles qui habitaient Pertuis, le Pays d’Aigues et ailleurs et de tous les innocents assassinés si injustement. Car malheureusement peu de gens sont réellement informés et prennent conscience de la présence locale de ce génocide.
Nous raconterons tout ce que nous savons, nous continuerons le combat pour eux.
Nous espérons également que beaucoup d’autres personnes auront l’occasion de réaliser des voyages de mémoire, en particulier les jeunes pour se poser toutes ces questions existentielles, pour construire, au-delà des mots, concrètement, notre avenir, un avenir meilleur.
Pour nous, là est le sens de ces voyages.
Texte lu par Alexia, Soraya et Marion dans l’hémicycle du Conseil Régional à Marseille le 5 juin 2009