Certaines personnes ont besoin de temps avant de réaliser.
J’ai été aveuglée par l’importance des lieux, les associant au passé. Tristesse et peine. Mais l’histoire est trop lointaine et mes émotions trop légères...
De retour, les images reviennent doucement, puis peu à peu, l’histoire qui s’affiche, s’impose. Soudain, sa brutalité m’envahit et je réalise enfin. Atrocité des faits, laideur et crime du passé. Au loin tout me semble là à présent, si réel, affreusement réel.
J’ai vu trop de valises, trop de vêtements, trop de cheveux ayant appartenu à trop de personnes tuées ; pour rien.
Mais comment a t’on pu jouer avec l’espoir de ces gens, les trompant par la promesse d’un avenir meilleur. Comment a-t-on pu les déshabiller dans le froid qui transperce l’âme et dans la volonté de leur enlever jusqu’à leur humanité et le désir de vivre ? Comment a-t-on pu lâchement emmener ces gens vers la chambre à gaz tel un troupeau à l’abattoir ?
Et puis, ramasser les cadavres, les crânes d’enfants piétinés par leurs parents, étouffant. Surtout ne rien perdre de cette souffrance et récupérer avarement bijoux, os, graisse et chair.
L’horreur est inexprimable !
Enorme incompréhension. J’ai pourtant essayé de trouver une explication. Seule, la folie me vient à l’esprit. Mais non. Je ne pense pas. Qualifier un génocide de folie serait trop facile. Je crois que les assassins étaient des gens comme nous, avec un coeur et une morale qu’on a su leur faire oublier.
Que devaient penser ces gens dans la chambre à gaz, pendant que leurs poumons se refusaient d’expirer et mourant en une longue agonie ? Que devaient se dire ces personnes nues et dos à l’ennemi, attendant la balle qui mettra fin à leur vie ?
Meurtre, infamie, monstruosité !
J’ai presque envie de refuser d’y croire ou encore de pleurer jusqu’à ne plus m’arrêter.
Car j’ai été et j’ai vu, que c’est affreux et que plus jamais ça.
J’aimerais ne jamais oublier