Auschwitz II -Birkenau :
Cette matinée à Birkenau nous a permis de nous rendre compte à quels points les conditions de vie étaient difficiles : froid, faim… qui étaient beaucoup plus amplifiées que ce que l’on ressentait. Birkenau n’a pas été la partie la plus émouvante de la journée pour moi. J’ai été souvent choquée là-bas : on se rend bien compte qu’absolument tout était programmé pour mener à bien l’extermination massive des Juifs. Rien n’était laissé au hasard : « on leur mentait tout le long de leur court voyage » insistait l’accompagnateur du Mémorial de la Shoah. Les baraquements étaient aussi très impressionnants et émouvants : la description du guide et celle de Primo Lévi dans Si c’est un homme nous faisait imaginer l’enfer vécu par les déportés. Nous avons également visité le Sona, bâtiment où les personnes sélectionnées pour le travail étaient douchées, désinfectées et habillées, mais aussi les latrines, où nous avons pu voir que la haine nazie n’épargnait l’horreur à aucun moment de la journée. L’endroit de Birkenau que j’ai trouvé le plus émouvant était à l’endroit le plus éloigné du camp : les fosses communes. Faute de « rapidité », on brûlait des milliers de cadavres dans celles-ci… En face de moi, je voyais ce même endroit où personne n’était allé marcher. La neige était encore blanche. Je n’osais pas imaginer le nombre de personnes incinérées sous ce sol. Avant d’arriver là, nous avons emprunté le même chemin qu’eux, et cela fait une sensation très étrange.
Aushwitz I :
Nous franchissons l’entrée du camp de concentration en milieu d’après-midi. Au dessus de nous figure la célèbre inscription « ARBEIT MACHT FREI ». Puis, nous visitons plusieurs baraquements : l’ « hôpital », la prison –où sont installées des cellules de mort par « catégorie » : par la famine, l’asphyxie… Ce qui m’a le plus touché est la cellule de moins d’1m2 où les déportés devaient s’entasser à 4 ou 5, et devaient donc rester debout des nuits entières, mais aussi le « death block » avec le mur de fusillade des déportés, dont certains SS ne se gênaient pas de tuer par vengeance ou pour le plaisir. Puis, nous montons dans un autre baraquement, je ne me souviens plus du chiffre. Pourtant c’est celui qui m’a le plus ému. A l’intérieur, plusieurs salles où s’entassent cheveux, chaussures, valises, brosses par centaines… Beaucoup pleurent lors de la visite de ce baraquement. Moi, je ne ressens pas autant de tristesse, mais plutôt de la peur : toutes ces images me font frissonner, j’ai beaucoup de mal à réaliser.
Puis, nous allons visiter un block où une exposition est dédiée aux Juifs déportés de France. Par l’intermédiaire de 5 personnes totalement différentes (dont Georgy, enfant déporté de la maison d’Izieu), on nous décrit l’installation puis la déportation de 76 000 Juifs sous le régime de Vichy. Une salle a un grand rapport avec notre projet : sont affichés tous les convois partis de France, dont ceux de la famille Mendel arrêtée à Pertuis. Dans certains convois, sur 1000 déportés, on en gaze 958 à l’arrivée. Ce chiffre est particulièrement choquant.
Pour terminer la visite, nous visitons une chambre à gaz du camp. Je suis très émue lorsque je vois les murs rongés par le zyklon B, et mon cœur ce serre lorsque j’aperçois les traces d’ongles qui ont griffé les murs. Puis, on nous montre des fours crématoires qui ont été restaurés : la guide nous explique que tout avait été prévu, tout était mis en place pour que tout soit rapide et « efficace ».
Ce voyage fut troublant et percutant. Il m’a fait prendre conscience de la douleur d’un déporté, sans me faire réaliser pour autant la moitié de ce qu’il a vécu. J’ai aussi pu réaliser l’ampleur du crime nazi avec encore plus d’intensité. Quand on ressort d’Auschwitz, on ressent une immense impuissance, et l’on ressort avec plus de questions que lorsqu’on y est entré : on s’interroge sur l’humanité toute entière. Mes questions, auxquelles on ne pourra jamais trouver de réponses, sont nombreuses à présent : Comment a-t-on pu aveugler autant ? Comment la haine envers un être peut-elle mener à faire des choses aussi effroyables ? Comment certains osent-ils encore nier l’existence de ces camps ?
Je pense qu’Auschwitz est un voyage à faire dans sa vie, pour tout le monde. Car c’est tout le monde qui doit se poser toutes ces questions qui sont véritablement existentielles, afin que plus jamais une telle chose ne se reproduise.