Travail de Philippe Berlengue, Clément Brest et Joris Raveux à partir du site du Mémorial de la Shoah, du travail de Romain Beyner, étudiant en histoire (Mémoire de Master 1, 2006) et des souvenirs de la grand-mère de Philippe.
La famille Meyer était formée de quatre personnes : le père Robert, la mère Marguerite, le fils Erich (né en 1924) et la fille Charlotte. Cette famille juive allemande de Hambourg était arrivée en France et plus particulièrement à Dijon en 1934 pour fuir le régime dictatorial d’Hitler qui s’était emparé du pouvoir en 1933. Erich a alors été enregistré sous le prénom Marcel pour faire plus français. Au début de la guerre en 1939, le père est interné dans un camp comme tous les allemands qui vivaient en France. La famille est sans nouvelles de lui. Au moment de la débâcle lors de l’invasion allemande du Nord de la France (mai-juin 1940), la mère et les deux enfants fuient vers le Sud comme tout le monde : c’est l’exode. Après une halte à Avignon où la Préfecture attribue des réfugiés aux différents villages, ils doivent aller à La Tour d’Aigues. C’est ainsi qu’ils s’y sont installés, rue du Coq, qui s’appelle maintenant rue du Puits. Ils réussissent à avoir des nouvelles du père qui est au camp de Gurs d’où ils arrivent à le faire transférer pour le camp des Milles qui était alors un camp pour les étrangers considérés comme ennemis, donc les Allemands comme Robert Meyer. La famille le voit régulièrement : soit aux Milles, soit à La Tour d’Aigues quand il a des permissions.
I) L’arrestation du père et du fils le 26 août 1942
Pour obéir aux directives de Vichy qui prévoient “l’arrestation et le regroupement des Israélites”, les préfets organisent une rafle qui a lieu le 26 août 1942 dans le pays d’Aigues comme dans toute la zone libre. Ce matin là, trois gendarmes, Jean Peynot et deux autres de La Bastide des Jourdans, viennent arrêter Erich Meyer à son domicile rue du Coq, mais celui-ci est absent. Les gendarmes reviennent une demi-heure plus tard. Cette demi-heure aurait pu lui permettre de fuir ou de se trouver un endroit sur où se cacher. Malheureusement Eric se rend aux gendarmes afin de protéger sa mère Marguerite et sa soeur Charlotte, qui le convoient jusqu’au camp des Milles où il retrouve son père, Robert qui y avait été lui aussi précédemment dirigé par les soins du chef de groupe départemental des travailleurs étrangers (GTE). On ne sait pas pourquoi la mère et la fille n’étaient pas sur la liste alors que ce jour là, à Villelaure les femmes et les enfants ont été arrêtés. Jean Peynot faisait partie de la résistance, ce qui peut expliquer qu’il ait laissé une chance à Erich.
II) Leur déportation
Ils restent au camp des Milles jusqu’au 2 septembre 1942, date à laquelle le père et le fils prennent la direction du camp de transit de Drancy en région parisienne. Erich a alors 18 ans. Le 7 septembre 1942 ils embarquent dans le convoi n°29 à destination d’Auschwitz où ils périssent tous deux (acte de décès 12 sept. 1942, 5 jours après la date du départ, comme pour tous ceux dont on n’a plus aucune trace après leur arrivée à Auschwitz).
III) L’histoire de la mère et de la fille
En ce qui concerne la mère Marguerite et sa fille Charlotte, elles attendent jusqu’en 1945, date de la fin de la Seconde Guerre Mondiale, pour émigrer au Paraguay, à Montevideo. Puis elles sont revenues en Europe pour habiter près de Manchester au Royaume-Uni. La mère Marguerite est décédée il y a déjà quelques années. Charlotte, qui elle est encore en vie et âgée de 80 ans, ne s’appelle plus Meyer mais désormais Mme Norton étant donné qu’elle a épousé un chirurgien dentiste britannique. Après la guerre Charlotte faisait partie “d’Alliance française” à Paris. Un de ses derniers séjours à La Tour d’Aigues remonte à 1998 chez une des ses amies d’enfance native du village qui se nomme Mme Léone Barnavon. Les deux amies correspondent toujours par courrier. Charlotte est revenue à la Tour en décembre 2006, elle a alors rencontré Romain Beyner, étudiant en histoire qui a étudié l’histoire de sa famille.