Je regarde par la fenêtre
Je m’imprègne de l’air iodé, celui-ci s’infiltrant partout, traversant mon écharpe, mon pull et venant caresser mon cou, mes bras, mes joues, courant partout sur mon corps. Je ferme les yeux. J’entends le vent, les vagues et leur ballet incessant. J’avance et fais confiance à mes pas qui me guident au hasard des rues surplombant la mer.
Le bruit de mes talons retentit sur les pavés imparfaits et rythment mon trajet. Mon regard glisse avec bienveillance sur les couleurs pastel qui animent les maisons. Des portes claquent, des fenêtres s’ouvrent, des rires éclatent, des voix sonnent et résonnent et des échos me parviennent entremêlés dans ce brouhaha furieusement vivant.
Vivant. Dans cette ville, la vie est partout, nous surprenant au détour d’une ruelle, jaillissant d’un bouquet de fleurs ou encore tapie dans un recoin à l’ombre. Devant moi, des enfants s’amusent à regarder danser des cerf-volants dans le ciel et un vieux couple les observe d’un regard attendri. Leurs têtes sont chargées d’espoirs et de rêves et les sourires, illuminant chacun de leurs visages, se cherchent, se trouvent et se répondent.
Je poursuis ma balade et m’approche d’un attroupement. Me frayant un passage dans la foule, je découvre à mon tour deux musiciennes jouant en duo. Je m’intègre moi aussi à ce concert improvisé, respirant en harmonie avec le violoncelle et retenant mon souffle dans les aigus du violon. Les spectateurs inconnus se mettent à danser, tous dans un seul mouvement. Le temps semble s’être arrêté pour laisser place à la beauté, pour laisser place à l’art.
Voilà cette ville que j’aime tant, libérée des heures et des minutes, délivrée des prisons d’argent. Cette ville est simple, mais c’est ma ville et elle est souveraine lorsqu’elle frémit ainsi, débordante de hasards, d’instants inattendus et précieux et abondante de surprises.
Blandine Bourrez