un rescapé au service de la mémoire
C’est le témoignage de la pire des sauvageries et des infamies dont s’est rendue coupable l’humanité.
« Si aujourd’hui je témoigne c’est parce qu’un jour dans mon existence, je me suis demandé si j’avais eu une famille. »
Benjamin Orenstein est né en Pologne le 4 août 1926 dans un petit village près de Lublin.
En 1939, alors que les nazis envahissent le pays, il est le dernier enfant d’une famille juive polonaise où on parle le yiddish. Benjamin ne parle que peu de son pays où il a passé son enfance. C’est comme si sa vie avait vécu une rupture et qu’elle n’avait vraiment commencé qu’à son adolescence à partir des persécutions, des camps de travail, de concentration, d’extermination…
Il fut amené à prendre la place de son père âgé de 60 ans dans un camp de travail, puis de travailler dans une ferme afin de nourrir sa famille.
En 1941, la présence allemande les amène à quitter le village.
En 1942, ils furent arrêtés. Alors qu’il n’a que 16 ans, Benjamin a vu sa vie basculer dans l’horreur. Les trois frères sont aptes au travail et ainsi envoyés dans différents camps, plus cruels les uns que les autres. Tandis que les parents et la sœur de Benjamin partent pour le camp de Belzec. Ils ne reviendront pas.
Ils étaient à peine conscients de ce qui les attendait là-bas.
Le discours de monsieur Orenstein est surprenant, il s’écarte de sa propre expérience. Il assista aux pires atrocités et a vu toute sa famille et la plupart de ses compagnons disparaÎtre les uns après les autres. Les souvenirs des brutalités des SS le submergent, il est amené à nommer insensiblement le sort qu’ont connu tous les juifs, destinés à la disparition.
Il estime que sa survie est due à un ensemble de chance inexplicables, non pas au mérite.
C’est le jour de ses 18 ans qu’il pénètre dans l’enceinte de l’enfer d’Auschwitz. Benjamin Orenstein nous avoue que finalement ce camp ne fut pas le pire dans son existence. Cela nous semble impensable. Il est envoyé dans le camp des tsiganes, tout juste exterminés, au fond de Birkenau.
Ces souvenirs du camp sont encore sensibles. Ce sont des cris, des aboiements, l’aveuglement, les gardes, les odeurs pestilentielles, la fumée noire des crématoires… Toute vie semblait avoir disparu.
Monsieur Orenstein ne dit pas, ne peut pas dire. On ne peut pas raconter Auschwitz, seulement l’évoquer afin que jamais cela ne puisse se reproduire.
En janvier 1945, tandis que les armées soviétiques approchent pour libérer le camp, les allemands détruisent le plus de traces de leur passage et de leurs atrocités. Ils évacuent en direction de Buchenwald les quelques détenus valides restants. Cette marche fut terrible, « la marche de la mort ». Des milliers de détenus ont perdu la vie durant celle-ci à cause du froid, de la faim, de l’épuisement, de mauvais traitements…
Benjamin et d’autres furent enfin libérés le 11 avril 1945. Il fut le seul survivant et le seul témoin des souffrances endurées des sept membres de sa famille.
N’étant pas encore sorti de l’enfer, ils durent se remettre de leur affaiblissement, vaincre le non intérêt de la population et pour finir rompre le silence afin de prouver l’existence de la Shoah auprès des négationnistes. Ce n’est en effet que depuis 1998 que Benjamin témoigne des atrocités qu’il a vécues.
Benjamin Orenstein a publié son témoignage, Des mots pour sépulture en 2006. Il témoigne aussi dans de nombreux lycées de France, et enfin participe à des voyages de mémoire.
Nous le remercions tous pour ce qu’il a pu nous apporter durant cette étape de notre vie, cette prise de conscience. Il a enrichi notre voyage d’étude de son récit, bouleversant.