« Ma mère dit que nous sommes croates, mon père que nous sommes yougoslaves. Moi je n’en sais rien. » Lorsqu’on ouvre ce roman, nous replongeons dans une époque à la fois proche et lointaine, en 1970, en Yougoslavie, sous l’étoile rouge. Nous découvrons un paysage magnifique, le paradis de l’enfance.
Vélibor, six ans, rêve de devenir footballer noir et brésilien, de préférence. Face aux idoles de ses parents : le petit Jésus et le maréchal Tito, notre personnage va franchir la porte de l’enfance pour se diriger vers celle du monde des adultes.
C’est avec beaucoup d’humour que l’auteur nous propose une écriture visuelle et sensible faite par petites touches. Nous apprenons à connaitre, avant qu’elle n’éclate, cette Yougoslavie modelés par la propagande communiste. Vélibor Colic retrace le trajet de l’enfance où l’on peut tous s’y reconnaitre. Comment ne pas succomber à cet enfant de l’est qui fait les quatre cents coups avec sa bande de copains, et qui bientôt, regardera les filles avant même de comprendre que « les femmes, c’est un truc compliqué à gérer. » Et finalement, ce moment très particulier de la jeunesse où chacun brûle les idoles qu’il a tant admiré, « les portraits du maréchal Tito sont kitsch et laids ».
L’auteur bosniaque nous présente un roman inventaire, où tout y défile sur un rythme ardent. Ses mémoires se terminent dans une caserne. Vélibor, devenu soldat malgré lui, ferme les yeux et se voit alors amoureux et libre, dans un pays libre.
Il sera écrivain.
Aujourd’hui, Vélibor Colic publie son septième livre après le fabuleux Archanges. L’écrivain ne cesse de puiser son inspiration sur le pays qu’il a quitté.
Jésus et Tito est donc une autobiographie rêveuse de l’auteur.
Marine BLANC
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