Lors de notre voyage, nous avons eu la chance de visiter le « Mémorial de l’internement et de la déportation » situé à Compiègne. Le camp de « Royallieu » servait à interner des prisonniers de toute la France à partir de juin 1940 jusqu’en 1944.
1. Historique du camp
Lors de la première guerre mondiale, sa fonction était un hôpital, puis entre les deux guerres c’était une caserne militaire et enfin en octobre 1939, il reprit sa fonction d’hôpital jusqu’en mai 1940. Ensuite, à partir de juin 1940 ce sont des soldats Français et Britanniques qui sont internés à Royallieu.
Vers juin 1941 le camp a été appelé « Frontstalag 122 », un Frontstalag désigne en Français un camp de prisonniers dans les régions occupées par l’armée allemande.
2. L’organisation du camp
Le camp était organisé ainsi :
Il y avait trois parties : le camp A était destiné aux prisonniers politiques Français, c’est-à-dire les résistants ; le camp B était pour les détenus civils étrangers et le camp C était réservé aux juifs. Chaque partie contenait 8 casernes. Sur la photo ci-dessus, le camp A correspond à l’alignement de bâtiments horizontal au premier plan, le camp B, à l’alignement vertical à gauche, et en arrière plan, le camp C avec ses bâtisses placées horizontalement.
La photo ci-dessus montre en rouge les trois bâtiments conservés par la ville de Compiègne et du camp pour garder et transmettre le souvenir de l’internement et de la déportation à Royallieu.
Comme le disait le célèbre écrivain Robert Desnos qui est passé par Compiègne, il est « ici avec des gens très bien et gentils : communistes, gaullistes, royalistes, curés, nobles, paysans - c’est une salade extraordinaire ». C’est-à-dire que les résistants regroupés à Royallieu viennent de toutes les classes sociales, les différentes opinions politiques y sont représentées et également toutes les religions
Ces personnes arrivaient donc de toute la France, avant que l’Allemagne envahisse la « zone libre » en 1942, ce sont les policiers Français qui s’occupaient d’arrêter des résistants ou des juifs. Malgré cela lors des arrestations de résistants, ils se faisaient torturer pendant des semaines…
Lorsqu’ils arrivaient au camp de Royallieu, ils étaient tout de même « contents » car même s’ils avaient des activités et des conditions de vie rudes, ce n’était rien à coté de ce qu’ils avaient vécu avant et à côté de ce qui les attendait : les camps de concentration pour les résistants et les camps d’extermination pour les juifs.
3. La vie au camp
Les internés ont raconté des témoignages de la vie quotidienne dans le camp de Compiègne.
A l’intérieur du camp, certaines activités étaient autorisées comme la cuisine, la lecture dans la bibliothèque, le jeu du boulet et même des conférences entre les internés qui se déroulaient dans une chambre. La surveillance des camps était assurée par des Allemands appelé « homme chien » et des « nachtigall ».
Cette célèbre phrase de Desnos sur le mur extérieur du musée montre la transition entre le camp d’internement et de déportation : de nombreuses personnes sont passées par là mais cependant certaines ont péri :
il dénonce ainsi l’impureté du sol de Compiègne qui a été un lieu « moteur » dans les massacres sur les populations de juin 1940 à 1944. Les internés ont donc laissé des empreintes de leur passage au camp de Compiègne.
4. L’empreinte des internés au camp
Les internés ont de plus laissé des traces de la vie quotidienne au camp. En effet, nombreux furent les poètes et artistes, peintres comme Robert Desnos ou Gotko par exemple, qui ont retranscrit le souvenir de l’internement et de la déportation à Compiègne dans des peintures ou des œuvres littéraires. Voici quatre dessins de Gotko qui montrent l’idée d’enfermement des détenus, un sentiment de tristesse s’en dégage. L’artiste montre ce lieu de résidence comme quelque chose de sombre et morose comme en témoigne les deux tableaux à couleur dominante noire.
On se rend donc compte du souvenir gravé qu’a laissé l’internement à Compiègne sur les détenus.
5. Conclusion : un camp de transit avant la déportation
Pour finir, le camp de Royallieu était donc un camp d’internement qui servait d’étape avant la déportation dans les camps en Allemagne ou en Pologne. Les conditions de vie dans le camp étaient certes difficiles mais comparées à ce qui les attendait en Allemagne c’était « supportable », certains en ont un « bon souvenir ». Des milliers de personnes y sont passés, certaines très connues comme Jorge Semprun ou Robert Desnos qui ont publié des poèmes sur leur internement, ou d’autres résistants qui sont venus témoigner au lycée au mois de Mars : Monsieur Albert Cordola et Gilbert Levieux.
Boris Delhaye et Valentin Ragagli 1°ECO 2