Thomas l’imposteur
La guerre est vue avec poésie, Cocteau l’assimile à une fête où s’exprime le merveilleux. Ainsi les métaphores et les comparaisons utilisées sont : « La Princesse devina notre étonnante victoire révolutionnaire aux routes jonchées de bouteilles de champagne, de chaises et de pianos mécaniques », « Paris, ce n’était pas la guerre. Mais hélas il en devenait proche, et cette nature intrépide écoutait le canon comme, au concert, on écoute l’orchestre derrière une porte que les contrôleurs vous empêchent d’ouvrir », « la soutinssent, comme la foule aide une femme à voir le feu d’artifice », « le ciel était rose. Les coqs chantaient. Le canon secouait les vitrines. Les talus, les fumées, les caissons, les chevaux étaient roses », « Sous une tente ronde, dressée sur la place comme un cirque », « Son but était ce lieu redoutable qu’il entendait la nuit crépiter comme une pièce d’artifice », « visite aux lignes, […], Ils partirent au clair de lune », « Sa chute allumait au fond un boulevard de magasins splendides », « Ce sont nos messieurs qui s’amusent ».
Cocteau utilise aussi comme principale image la guerre qui est associée au monde du spectacle et notamment au théâtre : « La guerre lui apparu tout de suite comme le théâtre de la guerre. Théâtre réservé aux hommes », « Les coulisses, se disait-elle. Voilà les acteurs, les figurants qui s’habillent », « les dessous de Nieuport ressemblait à ceux du théâtre du châtelet ».
Tout au long de son ouvrage l’auteur n’écrit que cinq passages évoquent la réalité et l’horreur de la guerre. Dans ces lignes, on trouve : « Le sang, la fièvre, le vertige des courses de taureaux », « les mascarades, les dentiers, les gros ventres, les gaz nauséabonds de la mort, et chasseurs et gibiers deviendraient des plantes face à face, des frères siamois réunis par une membrane de boue et de désespoir » ; « La paille c’est le luxe des blessés », « Une trentaine de martyrs agonisaient par terre », « Un parfum sans nom, fétide, douceâtre, à quoi la gangrène ajoutait son musc noir, tournait le cœur, […], visage gonflé, jaune, couvert de mouche », « Le sang se caillait sur les uniformes en loques, […], on ne pouvait comprendre qui était les Allemands, des nôtres », « Il vivait, les deux mains arrachées », « On dut laisser la gangrène l’envahir comme le lierre une statue », « On fusillait vite », « Ces villes et ces campagnes sans âmes qui vivent », « Il croisait des cadavres jetés par le massacre comme le col, les bottines, la chemise, d’un ivrogne qui se déshabille ».